Les photos qui suivent ont été prises dans un lieu appelé "La Résidence" à Dardilly (près de Lyon). En contrebas d'un embranchement autoroutier d'une dizaine de voies, cet ancien hôtel (200 studios de 20 à 35 m²) a été ré-orienté, après une période de friche de quelques années, vers un hébergement plus classique. La gestion de la partie Est du bâtiment a été confiée à un bailleur privé. La partie Ouest est gérée par le Foyer Notre Dame des Sans Abris qui propose un hébergement social d'urgence à un public diversifié (familles, femmes isolées en attente ou non d'un regroupement familial, demandeurs d'asiles, travailleurs précaires, personnes sortant de la rue, de prisons ou dans une situation de fragilité psychiatrique). Ils sont tous encadrés par une équipe de travailleurs sociaux présents quotidiennement au sein même de la résidence. Ce travail est un huis-clos délimité par les barrières enfermant la résidence sur elle-même. Il s'inscrit dans une approche plasticienne et symboliste du territoire et des différents types de précarité qui le parcourent (précarité sociale, culturelle, économique, géographique, psychiatrique, mal logement…). La sphère privée (l'intérieur des studios) a été délibérément mise de côté afin d'explorer les espaces communs qui constituent le territoire de la résidence, dans une logique du dénuement, au plus près des éléments. En miroir, on retrouve sur le bâti ainsi que sur les matières minérales et végétales les accidents, marques, blessures, injonctions, violences symboliques et réelles qui jalonnent la vie de ses habitants. C'est sur cette porosité là que j'ai axé mon travail. Dans une alternance de portraits anonymes des résidents et d'éléments symboliques de leur environnement immédiat, je tente de tisser des liens entre le monde visible et ma perception sensible du lieu et de ses habitants.